Vendu dans les années 80, dans les souk et marchés publics de légumes, pour 5 DZD (0,05 euro) l’unité; cet animal est présentement interdit de vente et est protégé par les lois en vigueur en Algérie. La tortue terrestre d’Algérie est inscrite comme espèce en voie de disparition dans le "Red Book" de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et sa commercialisation internationale interdite par la Convention de Washington (annexe-2) CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction).

La tortue terrestre d’Algérie
En Algérie, on rencontre deux types de tortues. Le premier type présent sous deux taxons* de l’espèce Testudo graeca (Tortue mauresque). Le premier taxon est la Testudo graeca graeca de couleur vert-olive proche de sa cousine marocaine. Une tortue que l’on peut trouver sur les côtes ouest du pays à la frontière algéro-marocaine. Le second taxon est la Testudo graeca nabeulensis de taille plus petite et d’apparence jaunâtre plus proche de sa cousine tunisienne. Elle est fréquente sur la côte Est à la frontière algéro-tunisienne.

  • Taxon : Entité conceptuelle, basée sur des règles de la classification, qui regroupe les organismes vivants possédant en commun certains caractères (degré de ressemblance) ou diagnostiques bien définis.


La seconde espèce est connue sous le nom de Testudo whitei (décrites par Bennett en 1836). Elle possède plusieurs noms communs: Tortue mauresque d’Algérie, Algerian tortoise, Tortuga algeriana ou encore Algerische Landschildkroete.

Croyez-le ou non, aucune étude sur le terrain n’existe à propos de cette espèce qui est propre à l’Algérie! Aucun biologiste algérien n’a pensé à entreprendre une étude sur ce sujet. Donc, nous ne savons rien de l'écologie, du comportement sauvage, de la distribution géographique ou du nombre approximatif d’individus de cette espèce qui a été fortement exploitée commercialement durant de nombreuses années comme animal de compagnie. C’est une tortue de couleur sombre et uniforme, de dimension beaucoup plus grande. A l'âge adulte, elle atteint invariablement une taille beaucoup plus grande et jamais atteinte par des spécimens de Testudo graeca.

La tortue terrestre d’Algérie:
Basée sur les travaux du zoologiste allemand Robert Mertens (Robert Friedrich Wilhelm Mertens 1894-1975) en 1946, la classification la plus largement admise et utilisée pour les tortues terrestres d’Algérie est la Testudo graeca graeca (tortue mauresque grecque) de la famille des Testudinidae. Cette classification a été confirmée par plusieurs autres chercheurs et constitue une référence fiable pour les travaux de recherche dans la zoologie moderne.

Sauf que la Testudo graeca graeca est considérée comme étant un taxon (sous-espèce) de la Testudo graeca (Tortue mauresque) et non une espèce à part entière. Certains chercheurs de la zoologie moderne, estiment que la Testudo graeca graeca devrait être élevée au rang d'espèces.

L’appellation "graeca" (grecque) n’a aucun rapport avec la situation géographique qui plus est, cette espèce n’existe même pas en Grèce. Le terme graeca (grecque) vient des motifs dessinés sur sa carapace qui rappelleraient les dessins d’une frise grecque.

Caractéristiques:
La description des taxons de l'espèce Testudo graeca répond obligatoirement aux critères communs suivants :

  • - Répondre aux critères du genre Testudo, à savoir, tortues de petite taille, mesurant de 7 à 35 cm de long et pesant de 0,7 à 7 kg. Comme la plupart des tortues terrestres, elles sont herbivores.
  • - Supracaudale (au-dessus de la queue) non divisée (voir figure ci-dessous)

Supracaudale Photo de gauche, supracaudale divisée - photo de droite supracaudale non divisée

  • - Sillon abdomino-fémoral du plastron légèrement articulé (nomenclature 1 - figure ci-dessous)
  • - Taches noires plastrales (des fois absente) radiales et essentiellement concentrées sur les plaques abdominales (nomenclature 2 - figure ci-dessous)
  • - Un seul tubercule corné présent sur chaque cuisse (nomenclature 3 - figure ci-dessous)

Abdomino-fémoral

  • - Absence d'éperon corné à l'extrémité caudale (nomenclature 4 - figure ci-dessus et Figure ci-dessous)

éperon corné Photo de gauche, queue avec éperon corné - photo de droite queue sans éperon corné

  • - 5 griffes aux pattes antérieures, 4 griffes aux pattes postérieures



Remarque:
Certains spécimens peuvent ne pas répondre à un critère parmi ces 7. Lorsque au moins 6 de ces 7 critères sont présents, la diagnose indique un spécimen du groupe taxonomique Testudo graeca (taxonomique= règles de la classification).


Sous-espèces et répartition en Algérie:

Testudo graeca graeca (Linnaeus 1758)
C’est une tortue vert-olive de taille relativement moyenne qui ne dépasse guère 20 cm de longueur. La taille record enregistrée pour une femelle est de 19,8cm. Pour le mâle, la taille enregistrée est de 15,1cm (à l’état sauvage) et 18,8 cm pour un mâle élevé en captivité. Les femelles sont en général plus grosses que les mâles. Ces derniers présentent un plastron (ventre) postérieurement concave, une queue relativement longue. La carapace est modérément bombée et son contour est quadrangulaire ou elliptique.

Testudo graeca graeca
En Algérie, on retrouve la Testudo graeca graeca sur la frontière nord-ouest avec le Maroc, la plaine du Chéliff (wilaya de Relizane), et quelques populations résiduelles autour de Biskra, Alger et Constantine (les Aurès).

Testudo graeca nabeulensis (Highfield 1990)
A noter que ce taxon est refusé par la nomenclature officielle de l'ICZN (Code international de nomenclature zoologique)

La population de ce taxon de Testudo graeca, se concentre essentiellement au nord de la frontière Algéro-tunisienne (Tortue très fréquente en Tunisie). Parfois appelée "Tortue naine" en raison de sa petite taille, La Testudo graeca nabeulensis ressemble un peu physiologiquement à la Testudo graeca graeca. Tout comme les Testudo graeca graeca, la nabeulensis possède cinq griffes aux pattes antérieures et quatre griffes aux pattes postérieures. La nabeulensis est très sensible à l’humidité et n’hiberne pas ce qui fait d’elle la tortue la plus fragile et la plus difficile à garder en captivité.

Trois genres de nabeulensis se présentent, le premier est caractérisé par une carapace jaune clair avec des taches noires (voir photo ci-dessous). L’écaille supracaudale ne possède pas de marque noire dans le milieu, voire tout au plus des taches très petites.

Testudo graeca nabeulensis genre 1
Le plastron présente plus de taches noires toujours concentrées sur les plaques abdominales. La couleur des pattes est dans des tons brun jaune. La tête quant à elle, est colorée d’un ton plus foncé avec –généralement- une tache plus jaunâtre sur le front.

Testudo graeca nabeulensis genre 2
Le second genre (voir photo ci-dessus) a une couleur de carapace d’un jaune plus pâle, sans taches noires et un plastron plus lumineux. Tout comme le premier genre, le second vit sur les zones côtières. Quant au troisième genre, qu’on retrouve à l’intérieur du pays; il présente une taille plus imposante comparativement aux deux premiers genres du même taxon.

Le mâle adulte de la Testudo graeca nabeulensis fait habituellement entre 10 et 14 centimètres de long pour un poids de 200 à 400 g; alors que la femelle adulte généralement plus grosse, fait entre 12 et 16,5 centimètres de long pour un poids de 300 à 600 g. Le mâle dont la queue est plus épaisse et plus longue, présente un plastron (ventre) concave qui s’imbrique avec la carapace de la femelle et facilite ainsi l’accouplement.

Tortue mauresque d’Algérie:
Testudo graeca whitei Bennett 1836 (Oran). A noter que ce taxon est refusé par la nomenclature officielle de l'ICZN (Code international de nomenclature zoologique)

Alors qu'aucune étude sur le terrain n’existe à propos de cette espèce; cette tortue a été individualisée depuis très longtemps (Bennett l'a nommée et décrite en 1836). Cette espèce à part entière (et non simple sous-espèce de Testudo graeca) n'a pas été incluse dans le taxon Testudo Manouria (genre de tortues asiatiques de couleur sombre et d’une taille moyenne).

Tortue mauresque d’Algérie
Tortue spécifique à l’Algérie, on la trouve au centre et au nord-ouest du pays. C'est la plus grande tortue d'Afrique du Nord. La plus grosse femelle recensée atteint presque 30 cm pour un poids de 4,5 kg.

Caractéristiques de la tortue mauresque d’Algérie:

  • - Grande taille à l'âge adulte
  • - Le plastron comporte des taches noires plus étendues
  • - La carapace est moins voutée et plus large que celle d'une Testudo graeca.
  • - Présence de 2 éperons moins sombres au niveau des cuisses qui se prolongent dans une direction incurvée vers l'intérieur
  • - Une peau et une carapace d’un brun sombre presque uniforme
  • - Des écailles noires sur une fond brun.



En Algérie, les tortues mauresques d’Algérie des régions côtières jouissent d'un climat agréable en hiver et supportable en été; avec une forte humidité et des précipitations relativement abondantes. Mais celles de l’intérieur (plus petites de taille) sont soumises à des températures plus rudes en hiver, ce qui explique leur grande résistance.

Même si la tortue a résisté à l’extinction des dinosaures, elle n’a aucune chance face à la cruauté de l’homme. La demande détermine l’offre. Il faut résister à la tentation d’acheter une tortue, ce geste ne fera qu’alimenter le trafic. Chaque tortue achetée est un prélèvement d’une autre de son milieu naturel. En plus d’être un animal fragile, La tortue est ectotherme, c'est-à-dire que sa température corporelle dépend étroitement de la température du milieu ambiant, l’entretenir en captivité est une très grande entreprise vouée à l’échec (90% des tortues achetées finissent par mourir). Alors, faites le geste pour sauvegarder notre tortue, faites le geste pour sauvegarder notre Fekroune.