iTunesAndy Rubin, le dirigeant de Google à l'origine de la création du système d'exploitation Android, mène les pourparlers avec les labels concernés sur ce qui pourrait devenir le futur service musical de Google, selon ces sources.

Il espère que le service sera opérationnel avant Noël, ont précisé deux de ces sources.

Le secteur de la musique espère profiter de la bataille annoncée Google-Apple, qui étendrait à un nouveau domaine une rivalité qui les oppose déjà sur de nombreux segments du marché des hautes technologies grand public, de la téléphonie mobile à la publicité.

Dans la musique, Apple bénéficie d'une expérience de sept ans, l'âge de son magasin en ligne iTunes Music Store, qui génère à lui seul 70% de l'ensemble des ventes de musique numérisée aux Etats-Unis.

Google n'a pour l'instant signé aucun accord de licence avec un grand label, ont précisé les sources, mais cela n'empêche pas les maisons de disque de spéculer sur les avantages qu'elles pourraient retirer de l'entrée sur le marché du géant de la recherche sur internet.

«Enfin il y a une structure disposant de la puissance, des ressources et des moyens permettant de s'attaquer à iTunes et de lui opposer un concurrent formidable rassemblant la recherche et la plate-forme mobile Android», a déclaré un responsable d'un label qui a requis l'anonymat.

«Le résultat sera un acteur très puissant sur le marché, ce qui sera très favorable au business de la musique

Google revendique 200.000 ventes par jour de téléphones portables équipés de son système d'exploitation Android, un niveau équivalent à celui de l'iPhone et de l'iPad d'Apple.

«On ne manque pas de musique accessible par ordinateur aujourd'hui, mais Google peut encore avoir un impact sur le téléphone portable ou tout autre terminal connecté», explique Larry Kenswil, un ancien dirigeant d'Universal Music aujourd'hui employé par le cabinet juridique Loeb & Loeb.

Reconnaissants envers Apple pour avoir facilité l'essor de la vente de musique sur internet à partir de 2003, les maisons de disques sont de plus en plus préoccupées par le contrôle qu'exerce sur ce marché la firme à la pomme, qui influence fortement le prix des chansons et l'évolution des formats musicaux.

VERS LA MUSIQUE DANS LES NUAGES
Pour les dirigeants du secteur, l'émergence de concurrents puissants pourrait en outre favoriser le développement du marché.

Si les ventes d'albums numérisés sont en hausse de 13% depuis le début de l'année par rapport à l'an dernier, les ventes de singles stagnent, selon le cabinet d'études Nielsen SoundScan.

«Google dispose de données colossales, via YouTube et via la recherche, qui lui permettent de s'informer sur ce que consomment les gens et sur ce qu'ils cherchent concernant la musique», note Simon Wheeler, responsable du numérique chez Beggars Banquet, un label indépendant de Londres.

Mais la taille ne suffit pas pour l'emporter, même lorsque l'on s'appelle Google. Amazon.com en a fait l'expérience amère: son rayon MP3, ouvert en 2007, ne représente qu'un peu plus de 12% du marché.

«Nous sommes prudemment optimistes parce que Google dispose d'une force de frappe importante mais il n'a pas d'expérience en matière de vente», explique un autre dirigeant de maison de disques qui a requis l'anonymat.

Un porte-parole de Google a dit que le groupe n'avait rien à annoncer pour l'instant.

Pour les connaisseurs du secteur, les terminaux connectés, comme l'iPhone, l'iPad ou les téléphones sous Android, seront le prochain champ de bataille de la musique numérique.

Les industriels de la musique comptent notamment beaucoup sur les services de musique «dans les nuages» censés permettre à un utilisateur d'accéder au contenu de sa discothèque numérique, de découvrir de nouveaux morceaux et de faire des achats d'impulsion quel que soit l'endroit où il se trouve et le terminal qu'il utilise.

Apple a racheté en décembre dernier LaLa Media, un spécialiste de ce type de services et il l'a fermé en avril, mais les observateurs s'attendent au lancement à court terme d'un service «dans les nuages» d'iTunes.

Coïncidence ou pas, Google a pris en mai le contrôle d'un concurrent de LaLa, Simplify Media, lui aussi fermé peu après.

«S'ils font ce qu'il faut, cela va accélérer la transition des consommateurs de la musique qu'on est obligé de posséder vers la musique qui permet un accès universel», estime Ted Cohen, ancien dirigeant d'EMI aujourd'hui à la tête de TAG Strategic Partners.